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damas jaune. Il y en avait de toutes les façons et de toutes les grosseurs, les uns d’agate, les autres de porphyre, quelques-uns de jaspe, d’autres de cristal de roche. Tous ces cachets ne sont gravés que de lettres, la plupart chinoises. J’en vis seulement un grand qui était dans les deux langues : on y lisait en tartare : Ontcho coro tche tchenneacou jabonni parpeit, ce qui signifie, le joyau ou le sceau des actions grandes et étendues et sans bornes.

» L’empereur nous envoya plusieurs mets de sa table ; ensuite il nous fit appeler dans l’appartement où nous l’avions vu la première fois qu’il nous avait donné audience. Ce lieu se nomme Kien-tsing-cong ; il ressemble au Yang-tsien-tien, mais il y règne plus de propreté. C’est la résidence ordinaire du monarque, qui était alors dans une chambre à droite de la salle, et remplie de livres placés et rangés dans des armoires qui n’étaient couvertes que d’un crêpe violet. L’empereur nous demanda si nous étions en bonne santé. Nous le remerciâmes de cet honneur en nous prosternant jusqu’à terre suivant l’usage ; après quoi, s’adressant à moi, il me demanda si j’avais appris beaucoup de tartare, et si j’entendais les livres écrits en cette langue. Je lui répondis en tartare même que j’avais fait quelques progrès, et que j’entendais assez bien les livres tartares que j’avais lus. « Il parle bien, dit sa majesté en se retournant vers ses gens ; il a l’accent fort bon. »