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Tartarie qu’il parcourait est sujette, pendant les mois de juillet et d’août, à des vents si froids, surtout la nuit, qu’on y est obligé de prendre des habits chauds et des fourrures. Verbiest attribue cette rigueur de l’air à l’élévation du terrain, et au grand nombre de montagnes dont cette région est remplie : dans sa marche, il employa six jours entiers pour en monter une. L’empereur, surpris lui-même, voulut savoir combien la hauteur du pays surpassait celle des plaines de Pékin, qui en sont a plus de trois cents milles. Les jésuites, après avoir mesuré plus de cent montagnes sur la route, trouvèrent que la Tartarie occidentale est plus haute de trois mille pas géométriques que la mer la plus proche de Pékin. Le salpêtre dont ce pays abonde peut aussi contribuer au grand froid. En ouvrant la terre à trois ou quatre pieds de profondeur, on y trouve des mottes glacées, et quelquefois des masses entières.

Pendant tout le voyage, l’empereur ne cessa pas de donner aux jésuites des témoignages publics de son estime, tels qu’il n’en accordait à personne. Il s’arrêtait pour leur voir mesurer les hauteurs ; il faisait demander souvent des nouvelles de leur santé ; il parlait avantageusement d’eux aux seigneurs de sa cour ; il leur envoyait divers mets de sa table, et quelquefois il les faisait dîner dans sa propre tente : le prince son fils aîné ne leur témoigna pas moins d’affection. Dans l’humilité