Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il prit la résolution de les assujettir chaque année à trois expéditions de cette nature, pour leur faire apprendre dans les chasses des ours, des sangliers, des tigres, à vaincre les ennemis de l’empire, ou du moins pour soutenir leur courage contre le luxe chinois, et contre l’amollissement du repos.

En effet, ces sortes de chasses ressemblent plus à des expéditions militaires qu’à des parties de plaisir. Les Tartares qui composent le cortége de l’empereur sont armés d’arcs et de cimeterres, et divisés en compagnies qui marchent en ordre de bataille sous leurs étendards, au son des tambours et des trompettes : ils forment autour des montagnes et des forêts des cordons qui les environnent, comme s’ils assiégeaient régulièrement des villes à la manière des Tartares orientaux. Cette armée, qui consiste quelquefois en soixante mille hommes et cent mille chevaux, a son avant-garde, son corps de bataille, et son arrière-garde avec son aile droite et son aile gauche commandés par un grand nombre de chefs et de régulos ou petits rois. L’empereur marche a leur tête au travers de ces régions désertes et de ces montagnes escarpées, exposé pendant tout le jour aux ardeurs du soleil, à la pluie, et à toutes les injures de l’air.

Pendant plus de soixante-dix jours de marche, ils sont obligés de transporter toutes leurs munitions sur des chariots, des chameaux, des chevaux et des mulets par des routes fort