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chands qui apportaient leur or, leur argent, leurs diamans et leurs perles à Cambalu, étaient obligés de recevoir cette monnaie d’écorce pour leurs richesses ; et, ne pouvant espérer de la faire passer hors de l’empire, ils se trouvaient forcés de l’employer en marchandises du pays. Le khan ne donnait pas d’autre paie à ses troupes : c’était par cette méthode qu’il avait amassé le plus grand trésor de l’univers. Misérable trésor ! Koublay, malgré sa sagesse, ne savait pas que la vraie richesse des souverains ne peut jamais être que celle des peuples.

Marc-Pol prétend avoir vu des licornes dans l’Inde. La licorne, dit-il, est moins grande que l’éléphant, mais elle a le pied de la même forme. Sa corne est au milieu du front ; elle ne lui sert pas pour se défendre. La nature apprend aux licornes à renverser d’abord les animaux qu’elles ont à combattre, à les fouler aux pieds, et à les presser ensuite du genou, tandis qu’avec leur langue, qui est armée de longues pointes, elles leur font quantité de blessures. Leur tête ressemble à celle du sanglier : elles la portent levée en marchant ; mais elles prennent plaisir à se tenir dans la boue. L’Inde a aussi quantité d’autours noirs, et diverses espèces de singes, entre lesquels on en distingue de forts petits qui ont le visage de l’homme. On les conserve embaumés dans des boîtes, et les marchands étrangers qui les achètent les font passer pour des pygmées.

De l’époque où écrivait Marc-Pol, pour