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aussi ce monarque était-il révéré comme un dieu.

Il entretenait de vêtemens et de vivres, dans la ville de Cambalu, environ cinq mille astrologues, qui étaient un mélange de chrétiens, de mahométans et de Catayens. Ces astrologues ou ces devins avaient un astrolabe sur lequel étaient marquées les planètes, les heures et les moindres divisions du temps pour toute l’année. Ils s’en servaient pour observer les mouvemens des corps célestes et la disposition du temps. Ils écrivaient aussi sur certaines tablettes carrées, qu'ils nommaient tacuinis, les événemens qui devaient arriver dans l’année courante, avec la précaution d’avertir qu’ils ne garantissaient pas les changemens que Dieu pouvait y apporter. Ils vendaient ces ouvrages au public : ceux dont les prédictions se trouvaient les plus justes étaient fort honorés. Personne n’aurait entrepris un long voyage, ou quelque affaire importante sans avoir consulté les astrologues. Ils comparaient la constellation qui dominait alors avec celle qui avait présidé à la naissance.

La monnaie du grand-khan n’était composée d’aucun métal ; elle était d’écorce de mûrier, durcie et coupée en pièces rondes de différentes grandeurs, qui portaient le coin du monarque. Il n’y en avait pas d’autre dans tout l’empire, et la loi défendait sous peine de mort, aux étrangers comme aux habitans du pays, de la refuser ou d’en introduire d’autres. Les mar-