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quarante-cinq pieds de largeur, et est fort élevée, afin que les barques passent dessous sans abaisser leurs mâts. Les arches des côtés ont rarement moins de trente pieds de largeur et diminuent à proportion. Les voûtes sont bien bâties ; les piles sont si étroites, que dans l’éloignement les arches paraissent suspendues en l’air.

Les principaux canaux se déchargent des deux côtés dans un grand nombre de petits, qui, se subdivisant en quantité de ruisseaux, communiquent ainsi à la plupart des villes et des bourgs. Souvent ils forment des étangs et de petits lacs qui arrosent les plaines voisines. Outre ces canaux, qui sont d’une commodité infinie pour les voyageurs et les négocians, l’industrie des Chinois en a creusé d’autres pour rassembler les eaux de pluie, qui servent à faire croître le riz dans les plaines.

Rien ne peut être comparé en ce genre au grand canal, qui porte le nom de Yun-léang-ho, c’est-à-dire canal pour le transport des marchandises, ou Yun-ho, canal royal : il traverse tout l’empire du nord au sud. On a commencé à le former par la jonction de plusieurs rivières ; mais, dans les lieux où les rivières manquent, on n’a pas laissé de le continuer en suivant les niveaux, comme dans les provinces de Pé-tché-li, de Chan-tong et de Kiang-nan, où les montagnes et les rochers n’étaient pas assez nombreux pour causer de grands embarras aux ouvriers ; il n’a pas moins