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Les lits sont d’une beauté singulière, surtout dans les maisons des grands. Le bois est peint, doré et orné de sculptures. Dans les provinces du nord, les rideaux sont de double satin pendant l’hiver ; ils font place en été aux taffetas blancs à fleurs et à figures, ou à une très-belle gaze, qui est assez claire pour le passage de l’air, et assez serrée pour empêcher celui des cousins, insectes fort communs dans les provinces méridionales. Le peuple emploie, pour s’en défendre, une toile de chanvre fort mince. Les matelas sont fort épais et bourrés de coton.

Dans les provinces du nord on fait en briques des alcôves de différentes grandeurs, suivant le nombre des personnes qui composent une famille. À côté est un petit fourneau où l’on met du charbon, dont la chaleur se répand dans toute la maison par des tuyaux qui portent la fumée jusqu’au-dessus du toit. Chez les personnes de distinction le fourneau est pratiqué dans le mur, et s’allume par-dehors. Par ce moyen la chaleur se communique si parfaitement au lit, et à toutes les parties d’une maison, qu’on n’a pas besoin de lits de plume comme en Europe. Ceux qui craignent de coucher immédiatement sur la brique chaude, suspendent au-dessus une sorte de hamac fait de cordes ou de rotang.

Le matin, on enlève tout cela, et l’on met à la place des tapis et des nattes pour s’y asseoir. Comme il n’y a point de cheminée, rien n’est si commode pour toute une famille qui s’oc-