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La magnificence des Chinois éclate dans leurs ouvrages publics, tels que les fortifications des villes, des forts et des châteaux, les temples, les salles de leurs ancêtres, les tours, les arcs de triomphe, les ponts, les chemins, les canaux et les autres monumens.

On compte environ trois mille tours le long de la grande muraille : le tiers des habitans de l’empire fut employé à la bâtir. Comme elle commence à la mer, on fut obligé, pour en jeter les fondemens de ce côté-là, de couler à fond plusieurs vaisseaux chargés de fer et de grosses pierres : elle fut élevée avec un art merveilleux. Il fut défendu aux ouvriers, sous peine de mort, de laisser la moindre ouverture entre les pierres. De là vient que ce fameux ouvrage se conserve aussi entier que le premier jour qu’il fut bâti.

Le plus fameux édifice est celui de Nankin, qui se nomme la grande tour, ou la tour de porcelaine, dans le temple de Pao-ghen-tsé. C’est un octogone d’environ quarante pieds de diamètre ; de sorte que la largeur de chaque face est de quinze pieds : elle est entourée d’un mur de la même forme, qui est à deux toises et demie de l’édifice. Le premier toit, qui est de tuiles vernies, semble sortir du corps de la tour, et forme une fort belle galerie. Les étages sont au nombre de neuf, dont chacun est orné d’une corniche, trois pieds au-dessus des fenêtres, et d’un toit semblable à celui de la galerie, excepté qu’il ne peut