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l’emporte dans la sienne. Tout le monde se tient renfermé ce jour-là et ne se réjouit qu’avec sa famille ; mais le lendemain et les jours suivans ce sont des démonstrations de joie extraordinaires : toutes les boutiques de la ville sont fermées ; on ne pense qu’au plaisir : chacun se pare de ses plus beaux habits et visite ses parens, ses amis et ses protecteurs. On représente des comédies, on se régale les uns les autres, et l’on se souhaite mutuellement toutes sortes de prospérités.

La fête des lanternes tombe au quinzième jour de la première lune. Toute la Chine est illuminée dans ce jour ; on la croirait en feu. Les réjouissances commencent le 13 au soir, et durent jusqu’au soir du 16 ou du 17. Tous les habitans de l’empire, riches et pauvres, à la campagne et dans les villes, sur les côtes ou sur les rivières, allument des lanternes peintes de différentes couleurs, et les suspendent dans leurs cours, à leurs fenêtres et dans leurs appartemens. Les personnes riches emploient plus de deux cents francs en lanternes. Les grands mandarins, les vice-rois et l’empereur même y mettent trois ou quatre mille livres. Toutes les portes sont ouvertes le soir, et le peuple a la liberté d’entrer dans les tribunaux des mandarins, qui sont magnifiquement ornés.

Ces lanternes sont très-grandes ; on en voit à six panneaux. Le bois en est verni et orné de dorures. Les panneaux sont tendus d’une