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emplois militaires ; mais il y a douze autres barons qui forment le conseil des trente-quatre provinces de l’empire, et qui ont un magnifique palais à Cambalu. Chaque province y a son juge, et quantité de notaires dans des appartemens séparés. Cette cour de justice se nomme fing, ou la seconde cour. Elle a le droit de choisir des gouverneurs de province, dont elle présente les noms au khan, qui confirme son choix. Elle est chargée aussi du revenu de l’empire. Ces deux cours ne reconnaissent pas d’autre supérieur que le khan.

Ce monarque envoie chaque année des commissaires dans les provinces, pour s’informer si les grains ont souffert quelque dommage des tempêtes, des sauterelles, des vers, ou d’autre cause. Dans ces temps de calamité publique il dispense du tribut les cantons qui ont fait des pertes considérables ; il fournit du grain de ses greniers pour la nourriture des habitans, et pour ensemencer leurs terres. C’est dans cette vue que, profitant des années d’abondance, il fait d’immenses provisions qu’il garde l’espace de trois ou quatre ans, et qu’il vend trois quarts au-dessous du prix commun, lorsque le peuple est affligé de la moindre disette. De même, si la mortalité se met parmi les bestiaux, il répare les pertes sur ceux du tribut. Lorsque le tonnerre est tombé sur quelque bête, il ne lève pendant trois ans aucun tribut sur le troupeau, quelque nombreux qu’il puisse être. Cet accident