Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doigts. À la naissance du poitrail du cheval pendent deux gros flocons de ce beau crin rouge dont ils couvrent leurs bonnets. Ces flocons sont suspendus à des anneaux de fer dorés ou argentés. Le cortége est composé d’un grand nombre d’hommes à cheval, sans compter les domestiques du mandarin, qui sont vêtus de satin noir ou de toile de coton peinte, suivant la qualité de leur maître.

Ce ne sont pas seulement les princes et les personnes du plus haut rang qui paraissent en public avec ce faste. Un homme de médiocre qualité ne sort dans les rues qu’à cheval, ou dans un palanquin bien fermé, avec une suite de plusieurs domestiques à pied. Les dames tartares ont l’usage des calèches à deux roues, mais elles n’ont point celui des carrosses. Au lieu qu’en Europe on voyage avec peu de provisions, sans ordre et sans éclat, l’usage des mandarins, à la Chine, est de ne s’éloigner jamais du lieu de leur résidence sans beaucoup d’appareil. S’ils voyagent par eau, leur barque est superbe, et est suivie d’un grand nombre d’autres, qui portent tout leur train. S’ils vont par terre, outre les domestiques et les soldats qui précèdent et qui suivent avec des lances et des étendards, ils ont pour leur propre personne une chaise portée par des mules ou par huit hommes, et plusieurs chevaux en lesse, pour en faire alternativement usage, suivant leur commodité et les changemens de temps.