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pereur. On aurait peine à représenter l’air de grandeur avec lequel les kouangs, c’est-à-dire les officiers civils et militaires, que nous avons nommés mandarins, à l’exemple des Portugais, paraissent dans les processions et dans les autres occasions d’apparat. Lorsqu’un tchi-fou, magistrat civil, qui n’est qu’un mandarin du cinquième ordre, sort de sa maison, les officiers de son tribunal marchent en ordre des deux côtés de la rue. Les uns portent devant lui un parasol de soie ; d’autres frappent de temps en temps sur un bassin de cuivre, et avertissent le peuple à haute voix de rendre les respects qu’il doit à leur maître ; d’autres portent de grands fouets ; d’autres traînent de longs bâtons ou des chaînes de fer. Le fracas de tous ces instrumens fait naturellement trembler les habitans d’une ville. Dès que le tchi-fou paraît, tous les passans ne pensent qu’à lui témoigner leur respect, non en le saluant, car ce serait une familiarité criminelle ; mais en se retirant à l’écart et se tenant debout, les pieds serrés et les bras pendans. Ils demeurent immobiles dans cette posture jusqu’à ce que le mandarin soit passé.

Si un mandarin du cinquième ordre marche avec cette pompe, on peut juger quelle est la magnificence du cortége d’un tsong-tou, ou vice-roi ; il est toujours accompagné de cent hommes au moins, qui occupent quelquefois toute la rue. La marche commence par deux timbaliers, qui battent continuellement pour