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famille, hommes, femmes et enfans, s’y rassemblent. Si c’est au mois d’avril, ils commencent par nettoyer les sépulcres des herbes et des buissons qui les environnent ; après quoi ils expriment leur respect, leur reconnaissance et leur douleur avec les mêmes cérémonies que le jour de la mort : ensuite ils placent sur les tombeaux du vin et des viandes, qui leur servent à se régaler tous ensemble.

Duhalde observe que, malgré l’opinion qui fait regarder les Chinois comme plus attachés à la vie que la plupart des autres peuples, on les voit néanmoins assez tranquilles dans les plus dangereuses maladies ; et qu’ils souhaitent même qu’on ne leur déguise pas l’approche de la mort. D’ailleurs il s’en trouve un grand nombre dans les deux sexes qui prennent volontairement le parti de mourir dans un transport de colère, ou par un mouvement de jalousie, de désespoir, de grandeur d’âme, etc. Cette déposition au suicide, assez naturelle dans une nation flegmatique et réfléchie, est encore entretenue par la multiplicité et le retour fréquent des cérémonies funèbres qui accoutument à l’idée de la mort et au détachement de la vie.

Quoique les lois de la Chine aient banni le luxe et le faste dans le cours de la vie privée, non-seulement elles le permettent, mais elles l’approuvent même quand on paraît en public, quand on voyage, quand on fait ou rend des visites, quand on obtient une audience de l’em-