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que chaque famille bâtit exprès. Toutes les personnes qui se touchent par le sang s’y assemblent au printemps, et quelquefois en automne : on en a vu monter le nombre jusqu’à sept ou huit mille. Alors il n’y a point de distinction du rang : mandarins, lettrés, artisans, laboureurs, tous les membres d’une famille sont confondus, se mêlent et se reconnaissent pour parens. C’est l’âge qui règle tout ; le plus vieux, qui est quelquefois le plus pauvre, occupe la première place.

Il y a dans cette salle une longue table placée contre la muraille sur une élévation, où l’on monte par des gradins. On y voit les images des ancêtres les plus distingués, ou du moins leurs noms. Ceux des hommes, des femmes et des enfans de la famille sont écrits sur des tablettes ou de petites planches rangées des deux côtés, avec leur âge, leur qualité, leur emploi, et le jour de leur mort.

Les plus riches de la famille préparent un festin. On charge plusieurs tables de toutes sortes de mets, de riz, de fruits, de parfums, de vin et de bougies. Les cérémonies qui s’observent dans cette fête sont à peu près les mêmes que celles des enfans à l’égard de leur père, lorsqu’ils approchent de lui pendant sa vie.

La seconde cérémonie se pratique au moins une fois l’année, au tombeau même des ancêtres. Comme il est ordinairement situé dans les montagnes, tous les descendans d’une même