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On prétend que l’usage de trois ans de deuil est fondé sur la reconnaissance qu’un fils doit à son père et à sa mère pour les trois premières années de sa vie, pendant lesquelles il a eu continuellement besoin de leur secours. Le deuil pour les autres parens est plus ou moins long, suivant le degré de parenté ; ces pratiques s’observent avec tant de scrupule, que les annales de la Chine ont immortalisé la piété de Ven-kong, roi de Tsin, qui, ayant été chassé des états de Hien-kong, son père, par la violence et les artifices de sa belle-mère, prit le parti de voyager dans divers pays pour dissiper son chagrin et se garantir des piéges qu’on tendait à sa vie. Lorsqu’il apprit la mort de son père, il refusa pendant le temps de son deuil de prendre les armes pour se mettre en possession du trône, quoiqu’il y fût invité par la plus grande partie de ses sujets.

La couleur du deuil est le blanc, pour les princes comme pour les plus vils artisans. Dans un deuil complet, le bonnet, la veste, la robe, les bas, et les bottes doivent être blancs ; mais, pendant le premier mois du deuil d’un père ou d’une mère, l’habit des enfans est une espèce de sac de toile de chanvre rousse et fort claire, qui ressemble beaucoup à nos toiles d’emballage : leur ceinture est une corde lâche : leur bonnet, dont la figure est assez bizarre, est aussi de toile de chanvre. Cette négligence et cet air lugubre passent pour des marques d’une profonde douleur.