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sans y comprendre les barons et les autres seigneurs : la porte faisait face au sud. À l’est était une autre tente, qui servait de salle d’audience : celle d’après était la chambre de lit du khan, dont le pavillon était soutenu par trois piliers d’une belle sculpture, couverts de peaux de lions rayées pour les garantir de la pluie : l’intérieur était tendu des plus riches peaux d’hermine et de martre. Marc-Pol remarque ici que les Tartares donnent à la peau de martre le nom de reine des peaux, et qu’elles sont quelquefois si chères, qu’une paire de vestes revient à deux mille sultanins d’or. Les cordes qui soutiennent le pavillon sont de soie. Il y a aussi des tentes pour les femmes, les enfans et les concubines du khan. Plus loin sont celles qui servent de logement aux oiseaux de proie.

Le khan continue sa marche dans la même plaine. On y prend un nombre infini de toutes sortes de bêtes et d’oiseaux. Personne n’a la liberté de chasser dans aucune province du Catay, du moins à plusieurs journées de la route impériale : il n’est pas même permis de garder des chiens ni des oiseaux de proie, surtout depuis le mois de mars jusqu’au mois d’octobre. Toute sorte de chasse est alors défendue ; et de là vient que le gibier y est en si grand nombre.

La cour des douze barons est le conseil de guerre du khan : elle se nomme thay, c’est-à-dire la haute-cour ; c’est elle qui dispose des