Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au mort. Les plus proches parens restent même dans la maison. Le cercueil est exposé dans la principale salle, qui est tendue d’étoffe blanche, quelquefois entremêlée de pièces de soie noire et violette, et d’autres ornemens de deuil. On place devant le cercueil une table sur laquelle est l’image du défunt, ou bien un cartouche sur lequel son nom est écrit, et qui de chaque côté est accompagné de fleurs, de parfums et de bougies allumées. On met quelquefois au milieu de la chambre un plat, que les bonzes brisent en pièces après quelques cérémonies, en assurant qu’ils ont ouvert au mort les portes du ciel ; alors les lamentations commencent, et l’on ferme le cercueil avec une infinité de nouvelles cérémonies.

Ceux qui viennent faire les complimens de condoléance saluent le défunt en se prosternant et frappent plusieurs fois la terre du front vis-à-vis la table, sur laquelle ils mettent ensuite quelques bougies et des parfums que l’usage les oblige d’apporter. Les amis particuliers accompagnent cette formalité de soupirs et de larmes. Pendant qu’ils s’acquittent de ces devoirs, le fils aîné, suivi de ses frères sort de derrière un rideau qui est à côté du cercueil, se traînant à terre et fondant en larmes, dans un morne silence. Ils rendent les saluts avec les mêmes cérémonies qu’on vient de pratiquer devant le cercueil. Cependant les femmes, qui sont cachées derrière le rideau, jettent par intervalles des cris lamentables.