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sculpture. En un mot, la dépense des personnes riches pour se procurer un beau cercueil est portée à un excès incroyable. Assurément on ne peut faire aux Chinois le reproche qu’Horace adressait aux Romains : Sepulcri immemor, struis domos.

Tu bâtis des palais, sans penser au tombeau.

On y met un petit matelas, une courte-pointe et des oreillers : on n’oublie pas aussi d’y mettre des ciseaux pour se couper les ongles. Avant la conquête des Tartares, on y mettait un peigne pour les cheveux. L’usage est de couper les ongles aux morts lorsqu’ils ont rendu le dernier soupir, et de mettre ce qu’on en retranche dans de petites bourses aux quatre coins du cercueil. Ils regardent comme une cruauté d’ouvrir un corps et d’en ôter le cœur et les entrailles pour les enterrer séparément. Des os de morts entassés les uns sur les autres, comme en Europe, leur paraissent une chose monstrueuse ; et tant qu’un cercueil conserve sa forme, ils se gardent scrupuleusement de le joindre dans une même fosse à ceux de la même famille.

Le Tiao, c’est-à-dire les devoirs solennels qu’ils rendent aux morts, dure ordinairement l’espace de sept jours, à moins qu’on ne soit obligé, par quelque bonne raison, de les réduire à trois. C’est dans cet intervalle que les parens et les amis d’une famille qu’on a eu soin d’inviter viennent rendre leurs devoirs