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Duhalde assure qu’on lave rarement les morts, mais qu’après les avoir revêtus de leurs plus riches habits, et couverts des marques de leur dignité, on les place dans le cercueil qu’ils ont fait faire pendant leur vie. Leur prévoyance va si loin sur cet article, que, s’ils n’avaient que dix pistoles au monde, ils les emploieraient à se procurer un cercueil plus de vingt ans avant d’en avoir besoin. Ils le regardent comme le meuble le plus précieux de leur maison. On a vu des enfans se louer ou se vendre dans la seule vue d’amasser assez d’argent pour acheter un cercueil à leur père. Il s’en fait d’un bois assez recherché qui valent quelquefois jusqu’à mille éceus. On en trouve de toutes les grandeurs dans les boutiques. Les mandarins exercent souvent leur charité en distribuant des cercueils au peuple. Un Chinois qui meurt sans ce meuble est brûlé comme un Tartare ; aussi célèbre-t-on par une fête l’heureux jour où l’on est parvenu à se procurer un cercueil. On l’expose à la vue pendant des années entières ; on prend quelquefois plaisir à s’y placer. L’empereur même a son cercueil dans le palais. Les planches dont les cercueils sont composés, pour les personnes riches, ont un demi-pied d’épaisseur et durent fort long-temps. Comme ils sont enduits de bitume et de poix du côté intérieur, et soigneusement vernis au-dehors, il n’en sort point de mauvaise odeur. On en voit de richement dorés, avec divers ornemens de