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qui sont nommées par les Chinois trônes ou siéges de l’âme ; car ils supposent que les âmes de leurs amis morts y font leur séjour, et qu’elles s’y nourrissent de la vapeur des alimens qu’on leur offre. Navarette assure qu’il a vérifié cette doctrine par la lecture de leurs livres et par leur propre témoignage. En troisième lieu, on met dans la bouche du mort une pièce de monnaie d’or ou d’argent, du riz, du froment, et quelques autres bagatelles. C’est dans cette vue qu’on la tient ouverte. Les personnes riches y mettent quelques perles. Toutes ces cérémonies sont prescrites dans le rituel et dans le livre nommé Kay-yu, qui est l’ouvrage de Confucius.

L’usage des Chinois, lorsque la maladie met un de leurs parens en danger, est d’appeler les bonzes, pour employer le secours de leurs prières. Ces ministres de la religion viennent avec de petits bassins, des sonnettes, et d’autres instrumens dont ils font assez de bruit pour hâter la mort du malade ; mais ils prétendent, au contraire, que c’est un soulagement qu’ils lui procurent. Si la maladie augmente, ils assurent que l’âme est partie ; et vers le soir, trois ou quatre d’entre eux courent par la ville avec un grand bassin, un tambour et une trompette, dans l’espérance de la rappeler. Ils s’arrêtent un peu en traversant les rues ; ils font retentir leurs instrumens et continuent leur marche. Navarette fut témoin plusieurs fois de cette pratique. Ils parcou-