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saient les douze fauconniers lorsqu’ils voyaient paraître des faisans, des grues ou d’autres oiseaux : on découvrait alors la litière, on lâchait les faucons, et sa majesté paraissait fort amusée de ce spectacle.

Outre les deux corps de dix mille hommes, il y en avait un troisième du même nombre qui suivait les faucons deux à deux lorsqu’ils avaient pris l’essor, pour les aider dans l’occasion. Ils portaient le nom de taskaols, qui signifie observateurs ou marqueurs. Leur principal emploi était de rappeler les faucons avec un sifflet. Chaque faucon portait au pied une petite plaque d’argent, sur laquelle était le nom de son maître : s’il arrivait que la marque s’égarât et qu’il ne pût être reconnu, celui qui le trouvait devait le rendre à un baron nommé bulangazi, c’est-à-dire gardien des choses qui n’ont pas de maître, sous peine d’être traité comme un voleur. Tout ce qui se perdait pendant la chasse devait être porté au bulangazi, qui avait, pour cette raison, son quartier sur une éminence, avec une enseigne déployée pour le faire reconnaître.

La chasse continuant ainsi pendant tout le cours de la route, on arrivait enfin dans une grande plaine nommée Kakzaromodin, où l’on avait préparé un camp de dix mille tentes, qui avait dans l’éloignement l’apparence d’une grande ville. La principale tente était celle du khan, composée de plusieurs parties, dont la première pouvait contenir dix mille soldats,