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tage de la succession. C’est dans la même vue qu’il est permis aux Chinois de prendre des concubines, ou plutôt de secondes femmes, qui tiennent rang après l’épouse légitime. Cependant la loi n’accorde cette liberté que lorsque la première femme est parvenue à l’âge de quarante ans sans aucune marque de fécondité. Comme les femmes ne paraissent jamais à la vue des hommes, le mariage d’une fille ne se conclut que sur le témoignage de ses pareils, ou de quelques vieilles femmes dont le métier est de s’entremettre de ces sortes d’affaires. Les familles les engagent par des présens à faire un tableau flatté de la beauté, de l’esprit et des talens de leur fille ; mais on se fie peu à leur rapport, et lorsqu’elles en imposent avec trop peu de retenue, elles sont punies très-sévèrement.

Le jour marqué pour la noce, la jeune fille se met dans une chaise pompeusement ornée et suivie de ceux qui portent sa dot. C’est ordinairement parmi le menu peuple une certaine quantité de meubles que son père lui donne avec ses habits nuptiaux, qui sont renfermés dans des coffres. Un cortége d’hommes loués l’accompagne le flambeau à la main, même en plein midi ; sa chaise est précédée de fifres, de hautbois et de tambours, et suivie de ses parens et des amis de sa famille. Un domestique de confiance garde la clef de la chaise et ne doit la remettre qu’au mari, qui attend son épouse à la porte de sa maison.