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de meute et d’autres espèces différentes. Dans les chasses, un des deux corps marchait à la droite de l’empereur, l’autre à sa gauche : ils occupaient ainsi l’espace d’une journée de chemin dans la plaine ; de sorte qu’il n’y avait pas de bête qui pût leur échapper. Le khan, marchant au milieu d’eux, prenait beaucoup de plaisir à voir poursuivre les cerfs et les ours par ses chiens. Depuis le commencement d’octobre jusqu’à la fin de mars, les chivichis étaient obligés de fournir chaque jour à la cour un millier de têtes de bêtes, sans y comprendre les cailles et le poisson. Par une tête, on entendait ce qui suffit pour la nourriture de trois hommes.

Au mois de mars, le grand-khan s’éloignait de Cambalu l’espace d’environ deux journées, en tirant au nord-est vers l’Océan ; il était suivi de dix mille fauconniers qui, portant des faucons, des gerfauts, des éperviers et d’autres oiseaux de proie, se divisaient en compagnies de cent ou deux cents pour commencer la chasse. La plupart des oiseaux qui se prenaient étaient apportés aux pieds du monarque qui, étant incommodé de la goutte, était assis dans une litière portée par deux éléphans : cette voiture était couverte de peaux de lions, et doublée de drap d’or. Le khan avait près de sa personne douze faucons choisis, et douze courtisans de ses favoris ; il était environné d’une partie de sa garde et d’un grand nombre d’hommes à cheval, qui avertis-