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qui ne peuvent plaire qu’aux Chinois. Ces comédies de festins se représentent sans décorations : on se contente d’étendre un tapis sur le plancher ; et c’est de quelques chambres voisines du balcon que sortent les acteurs pour jouer leur rôle. Les cours sont ordinairement remplies d’un grand nombre de spectateurs que les domestiques y laissent entrer. Les dames qui veulent assister au spectacle sont hors de la salle, placées vis-à-vis les comédiens ; et à travers une jalousie, elles voient et entendent tout ce qui se passe, sans qu’on puisse les apercevoir.

On commence toujours le festin par boire du vin pur. Le maître-d’hôtel, un genou à terre, prononce à haute voix : Tsing lao ye men kiu poï, c’est-à-dire, vous êtes invités, messieurs, à prendre la coupe. À ces mots, chacun prend sa tasse des deux mains, l’élève jusqu’au front, la rabaisse plus bas que la table, la porte à sa bouche, et boit lentement à trois ou quatre reprises. Le maître presse de boire tout à son exemple : puis montrant le fond de sa tasse, il fait voir qu’elle est vide et que chacun doit l’imiter. Cette cérémonie recommence deux ou trois fois. Tandis qu’on boit, on sert au milieu de chaque table un plat de porcelaine rempli de quelque ragoût qui n’exige pas de couteaux. Le maître-d’hôtel invite à manger : chacun se sert adroitement avec ses deux petits bâtons. Lorsqu’on a cessé de manger d’un plat, les domestiques en ap-