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le laissa dans cette posture sans lui dire de se relever. Le lendemain un coli accusa devant l’empereur le prince et tous les colaos ; le prince pour avoir souffert qu’un officier de cette considération se tînt devant lui dans une posture si humble ; et les colaos, particulièrement celui qui s’était agenouillé pour avoir déshonoré le premier poste de l’empire , et les autres pour ne s’y être pas opposés, ou du moins pour n’en avoir pas donné avis à l’empereur. Le prince s’excusa sur ce qu’il ignorait la loi ou l’usage sur cet article, et que d’ailleurs il n’avait point exigé cette soumission. Mai le coli cita pour réplique une loi d’une ancienne dynastie : aussitôt l’empereur donna ordre au li-pou, qui est le tribunal des cérémonies, de chercher cette loi dans les archives ; et, si elle ne se trouvait pas, d’en faire une qui pût servir désormais de règle invariable. Le tribunal du li-pou tient si rigoureusement à faire observer les cérémonies de l’empire, qu’il ne veut pas même que les étrangers y manquent. Avant qu’un ambassadeur paraisse à la cour, l’usage veut qu’il soit instruit pendant quarante jours, et soigneusement exercé aux cérémonies, à peu près comme un comédien récite son rôle avant de monter sur le théâtre. La politesse est fort bonne ; mais l’excès même des bonnes choses est un inconvénient et un ridicule.

La plupart de ces formalités se réduisent à la manière de s’incliner, de se mettre à genoux, et de se prosterner une ou plusieurs fois, sui-