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Il n’y a rien où les Chinois mettent plus de scrupule que dans les cérémonies et les civilités dont ils usent : ils sont persuadés qu’une grande attention à remplir tous les devoirs de la vie civile sert beaucoup à corriger la rudesse naturelle, à donner de la douceur au caractère, à maintenir la paix, l’ordre et la subordination dans un état. Parmi les livres qui contiennent leurs règles de politesse, on en distingue un qui en compte plus de trois mille différentes. Tout y est prescrit avec beaucoup de détails. Les saluts ordinaires, les visites, les présens, les festins et toutes les bienséances publiques ou particulières, sont plutôt des lois que des usages introduits peu à peu par la coutume.

Le cérémonial est fixé pour les personnes de tous les rangs avec leurs égaux ou leurs supérieurs. Les grands savent quelles marques de respect ils doivent rendre à l’empereur et aux princes, et comment ils doivent se conduire avec eux. Les artisans mêmes, les paysans et la plus vile populace ont entre eux des règles qu’ils observent ; ils ne se rencontrent point sans se donner mutuellement quelques marques de politesse et de complaisance. Personne ne peut se dispenser de ces devoirs, ni rendre plus ou moins que l’usage ne le demande.

Pendant qu’on portait au tombeau le corps de la feue impératrice, femme de Khang-hi, un des premiers princes du sang, ayant appelé un colao pour lui parler, celui-ci s’approcha et lui répondit à genoux, et le prince