Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est une mode établie par la politique pour tenir les femmes dans une continuelle dépendance. Il est certain qu’elles sont extrêmement renfermées, et qu’elles sortent peu de leur appartement, qui est la partie la plus retirée de la maison, où elles n’ont de communication qu’avec les femmes qui les servent. Cependant on peut dire, en général, qu’elles ont la vanité ordinaire à leur sexe, et que, ne paraissant qu’aux yeux de leurs domestiques, elles ne laissent pas, chaque jour au matin, d’employer des heures entières à leur parure. On assure qu’elles se frottent le visage avec une sorte de pâte pour augmenter leur blancheur, mais que cette pratique leur gâte bientôt la peau, et hâte les rides, et par conséquent n’est pas meilleure à la Chine qu’en France, où elle est pourtant fort en usage.

Leur coiffure consiste en plusieurs boucles de cheveux, entremêlées de petites touffes de fleurs d’or et d’argent. Quelques-une se la parent d’une figure du fong-hoang, oiseau fabuleux qu’elles portent en or, en argent ou en cuivre doré, suivant leur richesse et leur qualité ; les ailes de cette figure, mollement étendues sur le devant de la coiffure, embrassent le haut des tempes ; la queue, qui est assez longue, forme une espèce d’aigrette au sommet de la tête ; le corps est au-dessus du front, le cou et le bec tombent au-dessus du nez ; mais le cou est joint au corps par un ressort secret, à l’aide duquel il joue négli-