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enfans les force de les exposer dans les rues. Ce spectacle est rare dans les villes de province ; mais rien n’est plus commun dans les grandes capitales, telles que Pékin et Canton. D’autres engagent les sages-femmes à noyer leurs filles dans un bassin d’eau au moment de leur naissance. La misère produit une multitude incroyable d’esclaves dans les deux sexes, c’est-à-dire de personnes qui se vendent, en se réservant le droit de se racheter. Les familles aisées ont un grand nombre de domestiques volontairement vendus, quoiqu’il y en ait aussi qui se louent comme en Europe. Un père vend quelquefois son fils, vend sa femme, et se vend lui-même à vil prix.

L’habillement des hommes se ressent de la gravité qu’ils affectent ; il consiste dans une longue veste qui descend jusqu’à terre, et dont un pan se replie sur l’autre ; celui de dessus, s’avançant jusqu’au côte droit, s’y attache avec quatre ou cinq boutons d’or ou d’argent, l’un assez près de l’autre : les manches sont larges vers l’épaule, mais elles se rétrécissent par degrés jusqu’au poignet ; et, se terminant en fer à cheval, elles couvrent toute la main, à l’exception du bout des doigts. Ils se ceignent d’une large ceinture de soie dont les bouts pendent jusqu’aux genoux, et à laquelle ils attachent un étui qui contient une bourse, un couteau et deux petits bâtons qui leur servent de fourchettes. Anciennement les Chinois ne portaient pas de couteaux ; il est