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les lois imposent à ce crime le rend assez rare.

On assure que les Chinois les plus vicieux ont un amour naturel pour la vertu, qui leur donne de l’estime et de l’admiration pour ceux qui la pratiquent. Ceux qui s’assujettissent le moins à la chasteté honorent les personnes chastes, surtout les veuves ; ils conservent, par des arcs de triomphe et par des incriptions, la mémoire des personnages distingués qui ont vécu dans la continence, et qui se sont élevés au-dessus du vulgaire par quelque action remarquable. Ils apportent beaucoup de soin à dérober la connaissance de leurs vices au public. Ils témoignent le plus grand respect à leurs parens et à ceux qui ont pris soin de leur éducation ; ils honorent les vieillards à l’exemple de l’empereur. Ils détestent dans les actions, dans les paroles et dans les gestes, tout ce qui décèle de la colère ou la moindre émotion. Mais c’est peut-être aussi de cette habitude de se contraindre que naît leur disposition aux vengeances tardives et étudiées, aux raffinemens de la fourberie ; et ce caractère est bien aussi dangereux que la violence, et plus odieux.

Magalhaens observe qu’ils ont porté la philosophie morale spéculative à sa perfection, qu’ils en font leur principale étude et le sujet ordinaire de leurs entretiens. Il ajoute qu’ils ont l’esprit si vif et si pénétrant, qu’en lisant les ouvrages des jésuites, ils enten-