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faire des présens de couleur blanche. Les personnes aisées s’envoient mutuellement neuf fois neuf, c’est-à-dire, quatre-vingt-une choses de la même nature, soit en or ou en étoffe, ou en toute autre espèce. Cet usage procure quelquefois cent mille chevaux au khan. C’est dans la même fête que les cinq mille éléphans de l’empereur sont amenés à la cour couverts de tapis brodés, et portant chacun deux malles remplies de vases d’or et d’argent. Les chameaux paraissent aussi en caparaçons de soie, chargés des ustensiles qui servent aux emplois du palais.

Dès le matin de ce grand jour, les rois, les barons, les généraux, les soldats, les médecins, les astrologues, les fauconniers, les gouverneurs de provinces et les autres officiers de l’empire, s’assemblent dans la grande salle du palais, et, faute d’espace, dans une cour voisine où le khan peut les voir. Lorsqu’ils sont tous placés dans l’ordre de leurs emplois, un grand homme, à qui Marc-Pol attribue l’air d’un évêque , se lève et crie d’une voix haute : « Prosternez-vous et adorez. » Aussitôt toute l’assemblée se prosterne et baisse le front jusqu’à terre. Le même officier répond : « Que le ciel maintienne notre maître en vie et en bonne santé. » On recommence quatre fois cette cérémonie ; ensuite le prélat s’approche de l’autel richement orné, où le nom du khan est écrit sur une tablette rouge : il prend un encensoir, dont il parfume avec beaucoup de