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le canal impérial, dans la province de Chan-tong ; ce qui leur est d’autant plus aisé, que, l’usage étant de changer de matelots chaque jour, ils ne peuvent être facilement reconnus. Pendant la nuit, ils se glissent dans les cabinets : ils endorment les passagers par la fumée de certaines drogues, et dérobent librement sans être aperçus. Un voleur chinois ne se lassera point de suivre un marchand pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’occasion de le surprendre ; d’autres pénètrent dans les villes, au travers des murs les plus épais, brûlent les portes, ou les percent par le moyen de certaines matières qui brûlent le bois sans flamme. Ils s’introduisent dans les lieux les plus secrets d’une maison, et les habitans sont surpris de trouver leur lit sans rideaux et sans couverture, leur chambre sans tapisseries et sans meubles, et ne découvrir aucune autre trace des voleurs que le trou qu’ils ont fait au mur ou à la porte.

Le père Le Comte avertit les Européens qu’ils ne doivent rien prêter aux Chinois sans avoir pris leurs sûretés, parce qu’il n’y a point de fond à faire sur leur parole. Ils commencent par emprunter une petite somme, en promettant de restituer le capital avec de gros intérêts. Ils remplissent cette promesse ; et, sur le crédit qu’ils s’établissent, ils continuent d’emprunter de plus grosses sommes. L’artifice se soutient pendant des années entières, jusqu’à ce que la somme soit aussi