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un bourg qui s’étend l’espace d’une lieue et demie le long d’une belle rivière. Ses rues sont fort longues et s’entre-coupent à de justes distances ; mais elles manquent de largeur, et les maisons y sont trop serrées, à l’exception néanmoins de celles des marchands, qui prennent beaucoup d’espace, et qui contiennent une multitude prodigieuse d’ouvriers. On donne à ce bourg plus d’un million d’habitans. Tout ce qui sert à la subsistance est apporté de divers autres lieux ; et le bois même qu’on emploie pour les fourneaux vient d’environ trois cents milles. Les provisions ne peuvent manquer d’y être chères ; mais on ne laisse pas d’y voir arriver des villes voisines un nombre infini de pauvres familles. Il n’y a personne, sans en excepter les boiteux et les aveugles, qui ne puisse y gagner sa vie à broyer les couleurs. On n’y comptait pas anciennement plus de trois cents fourneaux de porcelaine ; mais le nombre en est augmenté jusqu’à cinq cents. La situation de King-té-tching est dans une plaine entourée de hautes montagnes : celle de l’est, près de laquelle le bourg est bâti, forme une espèce de demi-cercle ; celles des côtés donnent passage à deux rivières, l’une petite, et l’autre fort grande, qui forment, en s’unissant, un fort beau port, dans un vaste bassin, à moins d’une lieue du bourg : on y trouve quelquefois trois rangées de barques qui se suivent dans toute cette distance. Les nuages de flamme et de fumée qui s’élè-