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mes ; son épaisseur, vers le sommet, de neuf dixièmes de coudée ; sa profondeur intérieure de douze coudées, et son poids de cent vingt mille livres. Le son ou plutôt le rugissement e la grosse cloche de Pékin est si éclatant et si fort, qu’il se fait entendre de fort loin dans le pays. Elle fut élevée sur la tour par les jésuites, avec des machines qui firent l’étonnement de la cour de Pékin.

Avec cette cloche extraordinaire, les empereurs de la Chine en ont fait fondre sept autres, dont cinq sont demeurées à terre et sans usage. On en distingue une qui mérite l’admiration par les caractères chinois dont elle est presque entièrement couverte. Ils sont si beaux, si nets et si exacts, qu’ils ne paraissent point avoir été fondus, et qu’on les prendrait plutôt pour l’écriture de quelque excellent maître.

Le père Verbiest, dans ses Lettres, et le père Couplet, dans sa Chronologie, rapportent l’origine de ces cloches à l’année 1404. Elles furent fondues par l’ordre de l’empereur Ching-fou ou Yong-lo. On en comptait cinq, dont chacune pesait cent vingt mille livres, et qui étaient alors sans doute les plus grosses cloches du monde. Cependant Jacques Rutenfels assure que, dans un palais du czar, à Moscou, on en voit une qui pèse trois cent vingt mille livres, et d’une si prodigieuse masse, que tout l’art humain n’a pu parvenir à la suspendre dans la tour, nommée Ivan-