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La plupart des rues sont fort droites : on donne à la plus grande environ cent vingt pieds de largeur ; sa longueur est d’une grosse lieue. L’usage est de se faire porter en chaise par des hommes ou de marcher à cheval. Il n’en coûte pas plus de six ou sept sous par jour pour le louage d’un cheval ou d’une mule. On vend des livres où les quartiers, les places et les rues sont marqués avec les noms des officiers publics. Chaque rue a son nom : la plus belle est celle qui se nomme Chang-ngan-kiai, ou la rue du Repos perpétuel.

Le gouverneur de Pékin, qui est un Tartare de distinction, s’appelle kyou-men-ti-tou, ou le général des neuf portes ; il a sous sa juridiction non-seulement les troupes, mais aussi le peuple, dans tout ce qui concerne la police et la sûreté publique. Rien n’est comparable à la police qui s’y observe. On ne se lasse point d’admirer la parfaite tranquillité qui règne dans un peuple si nombreux. Il se passe des années entières sans qu’on entende parler de la moindre violence dans les maisons et dans les rues, parce qu’il serait impossible aux coupables d’éviter le châtiment.

Toutes les grandes rues, tirées au cordeau d’une porte à l’autre, ont des corps-de-garde où nuit et jour un certain nombre de soldats, l’épée au côté et le fouet à la main, punissent sans distinction les auteurs du moindre trouble, et s’assurent de ceux qui ont la hardiesse de résister. Les petites rues qui traversent les