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d’élever leurs enfans, sont libres de les vendre aux riches.

Le tableau que trace Marc-Pol des Tartares du treizième siècle, sous les successeurs de Gengis-khan, donne l’idée d’une nation beaucoup moins barbare qu’on ne serait porté à le croire, et prouve qu’il n’y a point de grande puissance sans police et sans gouvernement, et que toute conquête amène une législation. Il cite de Koublay-khan des traits de sagesse qui honoreraient l’administration la plus éclairée.

Les Tartares comptent le temps par un cycle de douze années, dont chacune porte le nom de quelque animal. Ainsi la première se nomme l’année du lion, la seconde celle du bœuf, la troisième celle du dragon, la quatrième celle du chien, etc. Un Tartare à qui l’on demande son âge répond qu’il est né à telle minute de telle heure et de tel jour de l’année du lion, etc.

Lorsqu’une fille et un garçon de différentes familles meurent sans avoir été mariés, l’usage des parens est de les marier après leur mort. On écrit le contrat, qui est brûlé avec les figures, les habits, la monnaie de papier, les domestiques, les bestiaux et les autres victimes consacrées aux funérailles. Tous ces biens, disent les Tartares, passent dans l’autre monde par le moyen de la fumée, et servent aux besoins des morts. Ils pensent aussi que ces mariages posthumes sont ratifiés dans le ciel.

Leurs troupes sont divisées en corps de dix, de cent, de mille et de dix mille hommes. Une