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gion chrétienne lorsque l’empereur honorait les chrétiens d’une si haute faveur. Pendant son discours, le pauvre mandarin frappa si souvent la terre du front, qu’à la fin les autres missionnaires prièrent Grimaldi de ne pas l’humilier davantage. En lui ordonnant de se lever, le jésuite lui recommanda de traiter mieux les chrétiens à l’avenir ; sans quoi il le menaça de porter ses plaintes à sa majesté impériale, et de le faire punir sévèrement. Il n’y a que l’empereur, les princes du sang de la ligne masculine, et quelques autres que sa majesté honore d’une faveur particulière, à qui appartienne le droit de porter le jaune et une ceinture de cette couleur. Les princes de la ligne féminine en ont une rouge.

À Nan-chan-fou, Gemelli visita un grand palais, qui se nomme en langue chinoise l’École ou l’Académie de Confucius. À l’entrée de la grande salle, un de ses domestiques, qui était chrétien, ne laissa point de s’agenouiller devant la statue de ce philosophe. Gemelli lui ayant reproché cette action comme une idolâtrie, sa réponse fut que les missionnaires la permettaient aux Chinois, à titre de témoignage purement extérieur de leur estime et de leur vénération pour un grand homme. Gemelli n’eut rien à lui répliquer.

À Canton, un jour que Gemelli passait par la cour du gouverneur, il vit donner la bastonnade à un malheureux qui la recevait pour le crime d’un autre, dont il avait pris le nom