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ne s’y trouvât-il qu’une pierre, elle est enlevée soigneusement par des ouvriers gagés pour ce travail. Dans tous les villages on rencontre des seaux remplis d’eau pour abreuver les chameaux et les ânes. Mais Ides fut beaucoup plus étonné de voir sur les grandes routes un si grand nombre de passans et de voitures, et d’y entendre autant de bruit que dans les rues d’une ville bien peuplée.

Entre plusieurs spectacles qu’on donna à l’ambassadeur, il rapporte des tours de force qui pourraient faire envie à nos voltigeurs d’Europe. Des Chinois soutenaient sur la pointe d’un bâton des boules de verre aussi grosses que la tête d’un homme, et les agitaient de différentes manières sans les laisser tomber ; ensuite dix hommes ayant pris une canne de bambou, longue d’environ sept pieds, la levèrent droite ; et tandis qu’ils la soutenaient dans cet état, un enfant de dix ans se glissa jusqu’au sommet, avec l’agilité d’un singe ; et, se plaçant sur le ventre à la pointe, il s’y tourna plusieurs fois en cercle, après quoi, s’étant levé, il se soutint sur un pied à la même pointe, et dans cette situation il se baissa jusqu’à saisir la canne de la main. Enfin, quittant prise, il battit d’une main contre l’autre, et s’élança légèrement à terre, où il fit d’autres exercices de la même agilité.

Laurent Lange, autre envoyé du czar Pierre, rapporte un trait de l’empereur Khang-hi, qui montre combien ce prince honorait la