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sans que l’ambassadeur en eut jamais vu en Europe. Ce qu’on lui expliqua de la pièce ne lui parut pas moins réjouissant, surtout un acte qui représentait un mari trompé par sa femme, qu’il croyait fort fidèle, quoiqu’elle reçût les caresses d’un autre en sa présence. Le spectacle fut accompagné d’une danse à la manière chinoise. On représenta successivement trois pièces qui durèrent jusqu’à minuit.

On peut observer sur ces représentations qu’il n’est pas possible de faire un meilleur usage de l’art dramatique que de le consacrer au souvenir des bienfaits et des vertus d’un bon roi ; et que les amans et les maris trompés sont d’un bout du monde à l’autre des sujets de comédie.

Près de Tong-tcheou, Ides vit la rivière couverte de jonques. Ces jonques, sans être fort grandes, sont bâties avec beaucoup de solidité. Leurs jointures sont calfatées avec une sorte de terre grasse, dans laquelle il entre quelques autres ingrédiens, qui, lorsqu’ils commencent une fois à sécher, deviennent plus fermes et plus sûrs que le meilleur goudron. Les mâts sont composés d’une sorte de bambous creux, mais très-forts, et quelquefois de la grosseur d’un homme. La matière des voiles est une certaine espèce de ronces qui se plient facilement. L’avant de ces barques est très-plat. Leur construction est en arc depuis le sommet jusqu’au fond, ce qui les rend fort commodes pour la mer. Les habitans assurent qu’avec un bon