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que le pape fût assisté par les inspirations du Saint-Esprit, c’était M. Maigret qui devait être regardé comme le Saint-Esprit des chrétiens. »

Après cette raillerie, il leur fit déclarer qu’il était résolu de répandre son décret dans tous les royaumes de l’univers, et que l’ambassadeur russe, qui était alors à Pékin, lui avait déjà promis de le communiquer à toutes les cours de l’Europe. Ainsi chaque message était une nouvelle insulte qui perçait le cœur du légat. Il ne pouvait retenir ses larmes en relisant les ordres de l’empereur. Mouravo le voyant dans cette affliction, ne fit pas difficulté de se jeter à ses pieds, et le conjura, par les entrailles de Jésus-Christ, d’avoir pitié de la mission, qui ne pouvait éviter de périr, s’il persistait à maintenir sa bulle. Mais ces instances firent peu d’impression sur lui, et l’abattement où il était ne l’empêchait point de répondre aux jésuites : « Ne me parlez plus de suspendre ni de modérer la constitution. C’est augmenter ma douleur que de me proposer un remède pire que le mal. Cependant, si vous pouvez imaginer quelque expédient qui soit propre à lever les difficultés, je l’embrasserai volontiers, pourvu qu’il s’accorde avec mon devoir. » Mouravo allait profiter de cette disposition pour composer une requête à l’empereur, et tirer le légat de l’abîme où il s’était plongé, lorsque le père Renauld en offrit une qu’il venait d’écrire dans les termes suivans : « Charles-Ambroise, pa-