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lui présenter auraient été capables de l’apaiser et de favoriser le succès de ma légation. À présent, il ne me reste qu’à lui demander pardon, et à lui faire connaître la douleur dont mon âme est pénétrée, et à me prosterner, comme je le fais, le visage contre terre pour implorer sa clémence. Signé, Charles-Ambroise, patriarche d’Alexandrie, et légat apostolique. Si votre majesté me le commande, j’irai me jeter aux pieds du pape pour lui déclarer clairement, fidèlement et sincèrement les intentions de votre majesté. »

Pour comble d’affliction, il apprit vers le soir que Lauréati était chargé de chaînes pour avoir osé dire que le légat n’avait rien que d’agréable à proposer à l’empereur ; que Péreyra était exposé au même danger, et que Li-pin-chung devait être conduit au tribunal des criminels, pour avoir traité son excellence avec trop de bonté.

Les messages, les demandes et les menaces, ne firent que redoubler le jour suivant. L’empereur fit dire au légat qu’ayant comparé la constitution du pape avec un ancien mandement de M. Maigret, vicaire général du saint siége, en 1693[1], il y avait trouvé une parfaite ressemblance ; d’où il concluait « que, s’il était vrai, comme les chrétiens l’assurent,

  1. Ce Maigret avait été envoyé sous ce titre à la Chine, sous le pontificat de Clément IX, et avait décidé la question des cérémonies au désavantage des jésuites.