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la tête, mais qu’il était résolu de le tuer auparavant de ses propres mains. » Pendant cette étrange scène, les domestiques des autres mandarins secondèrent les violences de leurs maîtres. Ils maltraitèrent le valet de chambre du légat, lui tirèrent la barbe, et l’accablèrent de toutes sortes d’injures. Mezza-Barba, pénétré de douleur et de crainte, était dans une situation qui aurait attendri, dit Viani, auteur de cette relation, d’autres hommes que d’insensibles Chinois. Ce désespoir de Li-pin-chung ne venait sans doute que du péril qu’il avait couru en présentant à l’empereur un écrit que ce prince avait pris pour un outrage. On voit par sa réponse à quel point sa fierté en avait été blessée ; et dans un état despotique ce pouvait être un crime capital pour un sujet d’avoir compromis à ce point la dignité de son maître.

Le soir du même jour, les mandarins revinrent avec la même fierté, et le sommèrent de répondre au si qu’ils lui avaient apporté le matin. Dans l’excès de son affliction, il ne laissa pas de prendre une plume et d’écrire la lettre suivante : « C’est avec le plus respectueux et le plus humble sentiment de soumission que j’ai lu la traduction du décret qu’il a plu à votre majesté d’écrire de sa propre main en lettres rouges. Ayant été envoyé par le souverain pontife pour solliciter la faveur de votre majesté, je m’étais flatté que les permissions que j’ai eu l’honneur de