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rien ne peut être comparé. Il ne convient pas, par cette raison, que les Européens aient désormais la liberté de prêcher leur loi : elle doit être défendue. C’est le seul moyen de prévenir de fâcheuses conséquences. »

La lecture de ce fatal écrit jeta la consternation dans l’esprit du légat. Sa première ressource fut d’écrire à l’empereur une lettre de soumission. S’étant hâté de l’écrire, il proposa aux missionnaires de la signer ; mais les jésuites y trouvèrent beaucoup de difficultés, et lui déclarèrent qu’ils ne voyaient point d’autre moyen, pour calmer le trouble, que de suspendre la constitution. Le père Mouravo ajouta que c’était une nécessité d’autant plus indispensable, que le pape n’avait pas reçu de justes informations ; et que, si sa sainteté était à la Chine pour y voir les choses dans un autre jour, elle révoquerait infailliblement une bulle qui n’était capable que de porter un coup mortel à la religion. Le légat répondit « qu’il n’avait pas le pouvoir de suspendre une constitution du pape ; qu’il aimait mieux risquer tout que d’offenser Dieu en transgressant les ordres exprès du saint siége, et qu’il était résolu de souffrir plutôt la mort que de se rendre coupable d’une pareille lâcheté. » Mouravo continuant de s’expliquer avec beaucoup de chaleur, Mezza-Barba le pria de faire attention de qui et devant qui il parlait. « Je ne l’ignore pas, répondit le missionnaire,