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demanda si le légat était bien persuadé que les Européens eussent commis une idolâtrie en rendant jusqu’alors des respects aux tablettes, et que le père Ricci, fondateur de la mission, fût tombé dans l’erreur. Mezza-Barba passa légèrement sur la première de ces deux questions, et n’y fit que des réponses vagues. À la seconde, il répondit avec beaucoup de précaution que le père Ricci avait erré innocemment sur de certains points, parce que toutes ces matières n’avaient point encore été réglées par la décision du saint siége.

Le lendemain 16 janvier, on convint que Mezza-Barba communiquerait à sa majesté le décret du pape, afin qu’elle pût juger avec certitude de ce qui était permis ou défendu par le saint siége. Le décret fut traduit et porté à l’empereur par les mandarins.

Le 18, les mandarins vinrent lui remettre un si de la propre main de l’empereur, écrit en lettres rouges au bas du décret. Il était conçu en ces termes : « Tout ce qu’on peut recueillir certainement de la lecture de cette constitution, c’est qu’elle ne regarde que de vils Européens. Comment pourrait-on dire qu’elle a quelque rapport avec la grande octrine des Chinois, lorsqu’il n’y a pas un seul Européen qui entende le langage de la Chine ? Elle contient quantité de choses indignes. Il paraît assez, par ce décret que le légat nous apporte, que les disputes qu’ils ont entre eux sont d’une violence à laquelle