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Vers la fin de l’audience, l’empereur observa qu’il n’était revenu de l’Europe aucun des missionnaires qu’il y avait envoyés, et que n’ayant point reçu de réponse sur la commission dont il les avait chargés, il soupçonnait qu’ils avaient été mis à mort par ordre de sa sainteté. Mezza-Barba, pour écarter ce soupçon, se hâta de représenter à sa majesté combien le caractère des ambassadeurs était respecté en Europe ; et, lui ayant fait observer que le pape et la religion ne pouvaient tirer aucun avantage d’une telle violence, il ajouta qu’on savait assez que les vaisseaux où Barros et Bauvolier s’étaient embarqués, avaient péri par la tempête avant leur retour en Europe.

Ce prince ne laissa pas d’ajouter que la constitution qui regardait les cérémonies chinoises venait d’une autre source que le zèle de la religion ; que ce n’était qu’une flèche de vengeance lancée contre les jésuites peur satisfaire leurs ennemis. Il dit au légat, pour conclusion, que sa résolution était de lui envoyer le si, c’est-à-dire un décret impérial dans lequel toutes ses volontés seraient expliquées sur l’affaire de la légation, et sur lequel il n’aurait qu’à réfléchir sérieusement ; qu’elle députerait ensuite un de ses officiers à Rome ; mais qu’elle lui recommandait de ne pas s’affliger et d’attendre les événemens d’un air tranquille.

Dans une quatrième audience beaucoup plus solennelle que toutes les précédentes, où sa