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le nom de prêtre séculier, l’autre celui de franciscain, un troisième celui de dominicain, et le quatrième celui de jésuite ; désunion qui ne cessait pas de l’étonner. Il demanda comment le pape pouvait ajouter quelque foi aux rapports des différens ordres, lorsqu’ils étaient si mal informés des usages de la Chine, que leurs témoignages étaient directement contraires. « Ce que je dis étant certain, continua-t-il, pourquoi le pape entreprend-il de prononcer sur les affaires de la Chine ? S’aperçoit-il que je prétende juger de celles de l’Europe ? »

« Le saint père, répondit Mezza-Barba, n’a rien décidé sans avoir entendu les deux parties, recueilli toutes les informations possibles, et pesé mûrement les difficultés. D’ailleurs il a reçu dans son jugement l’assistance du Saint-Esprit, qui ne permet pas qu’un pape tombe dans l’erreur sur les matières de religion ; enfin le pape n’a prononcé sur les affaires de la Chine qu’autant qu’elles ont rapport au christianisme. »

L’empereur répliqua qu’il ne trouvait pas de vérité dans cette réponse, parce que le pape n’avait pas été bien informé. « J’aime beaucoup votre religion, reprit-il ; j’adore le même Dieu que vous : ainsi, lorsqu’il vous arrivera quelque difficulté, adressez-vous à moi, et je m’engage à vous l’expliquer. » Le légat lui fit des remercîmens, et lui promit de s’adresser à sa majesté.