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plus sage, était de se conduire par les conseils que sa majesté lui ferait donner, sans prêter l’oreille aux insinuations de certains esprits turbulens qui n’avaient écrit ou porté à Rome que de grossières impostures. »

Les eunuques, enchérissant beaucoup sur les ordres de l’empereur, s’emportèrent en invectives contre le cardinal de Tournon ; mais, comme ils en revenaient toujours aux anciennes plaintes, Mezza-Barba se réduisit aux mêmes réponses. Il lui fut plus difficile de se modérer lorsqu’il entendit parler peu respectueusement du pape ; mais le ressentiment n’aurait point été de saison. Tout semblait annoncer les approches d’un orage. La garde fut redoublée à la porte du légat : on n’en permettait l’entrée qu’à ceux qui avaient quelque chose à communiquer au père Péreyra, dont la faveur ne paraissait pas diminuer à la cour.

Dans une autre conversation du 3 janvier, l’empereur lui dit « qu’il avait tâché de réunir tous les missionnaires des différentes nations de l’Europe, tels que les Portugais, les Français, les Italiens et les Allemands ; mais que leurs dissensions subsistaient toujours, et que, ce qu’il avait peine à comprendre, les jésuites mêmes ne pouvaient s’accorder ensemble ; il ajouta que, dans la même vue, il avait employé une autre méthode ; c’était de les loger tous dans une même maison, espérant qu’il n’y aurait qu’un cœur ; mais que ces soins n’avaient pas produit cet effet ; que l’un prenait