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apporté près du trône une robe de zibeline à la chinoise, sa majesté ôta celle dont elle était revêtue et qui était aussi de zibeline, pour l’envoyer au légat, qui la mit aussitôt sur ses habits ecclésiastiques, en témoignant sa reconnaissance à l’empereur par une profonde révérence. Ensuite sa majesté se mit à manger, et toute l’assemblée suivit son exemple. Pendant le repas, ce prince eut la bonté d’envoyer plusieurs mets de sa table, non-seulement au légat, mais même aux missionnaires. Après qu’on eut cessé de manger, Mezza-Barba fut conduit près du trône, et reçut des mains de l’empereur une coupe remplie de vin. Quatre mandarins rendirent le même office à tous les Européens du cortége, qui vinrent recevoir cette faveur près du trône. Aussitôt que le festin fut achevé, le légat reçut ordre de s’approcher de sa majesté impériale. Ce prince, après diverses questions qui regardaient l’ambassade, lui demanda ce qui était représenté dans certaines figures apportées de l’Europe, où il avait vu des figures humaines qui paraissaient ailées. Mezza-Barba répondit que c’était peut-être la figure de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge ou de quelques autres saints, ou probablement des figures d’anges. « Mais pourquoi, reprit l’empereur, sont-ils représentés avec des ailes ? » Le légat répondit que c’était pour exprimer leur agilité. « Voilà, lui dit le prince, ce que nos Chinois ne peuvent comprendre, et ce qu’ils regardent