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que la dernière ; mais il y régna beaucoup plus de chaleur. Les mandarins s’emportèrent beaucoup ; le légat essuya quelques reproches amers, et le pape même ne fut point épargné. Le père Fan se permit des réflexions fort libres sur l’abus que les papes faisaient quelquefois de leur autorité. Mezza-Barba, quoique pénétré de douleur, se crut obligé de contenir ses plaintes, et de n’employer avec les mandarins que des termes capables de les adoucir. Alors Chan-Chang l’embrassa, et lui fit de magnifiques promesses. Fan prit aussi des manières gracieuses, et conseilla au légat de ne point imiter le cardinal de Tournon, s’il voulait éviter les mêmes chagrins et sauver la religion d’une nouvelle disgrâce. Après cette conférence, le légat fut logé dans une autre maison, à deux milles de Chan-chun-yuen ; mais on continua de le garder avec le même soin.

Le soir du même jour, Li-pin-chung vint lui demander au nom de l’empereur une copie du bref. En vain lui répondit-il qu’il n’en avait point, et qu’il n’osait se fier à sa mémoire ; on lui déclara qu’il fallait obéir. Après avoir protesté qu’il ne répondait d’aucune erreur, il écrivit la substance du bref, c’est-à-dire à peu près ce qu’il avait déjà répété plus d’une fois aux mandarins ; mais il s’étendit particulièrement sur les permissions accordées par le pape touchant les cérémonies chinoises ; elles se réduisaient aux articles suivans :