Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tisfaction de tout le monde. Après leur départ, il fit appeler tous les prêtres de son cortége, et s’étant retiré avec eux dans son appartement, il les consulta sur sa situation. Ils furent tous d’avis que, sans s’écarter de la constitution de Clément XI, il devait employer toute son adresse pour ne pas ruiner par une fermeté hors de saison les espérances que le pape avait conçues de son voyage.

Le 27, immédiatement après dîner, les quatre mandarins se présentèrent à la porte de son logement : il s’imagina qu’ils lui apportaient une réponse décisive de l’empereur. Cependant leur entretien ne fut qu’une répétition de la conférence précédente. Ils le flattèrent et le menacèrent successivement ; ils employèrent tous les artifices imaginables pour l’engager à supprimer la bulle fatale ; mais, le voyant inflexible, la seule espérance qu’ils lui laissèrent en le quittant, fut que l’empereur, malgré la résolution qu’il avait formée de chasser dès le lendemain tous les Européens, ne leur refuserait point quelques jours de délai, et pourrait lui accorder à lui-même le temps de se remettre des fatigues de son voyage.

Le légat, renouvelant ses instances, demanda que sa majesté daigna lire le bref que le pape lui adressait à elle-même, parce qu’il contenait les raisons qui ne permettaient point à sa sainteté d’approuver ce qui était incompatible avec la religion chrétienne, et qu’il ne touchait point à ce qui n’y avait aucun rap-