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son de campagne à trois lieues de Chang-chun-yuen, ville que l’empereur avait choisie pour sa résidence ordinaire depuis qu’il ne passait plus que quelques jours de l’année à Pékin.

Le 26 au matin, on plaça une garde armée à la porte du légat, avec ordre de ne laisser sortir personne. Le soir du même jour, quatre mandarins arrivèrent avec des rafraîchissemens que l’empereur envoyait à son excellence. Après les cérémonies ordinaires ils lui firent une déclaration très-mortifiante : 1o. que l’empereur, ayant résolu de ne jamais recevoir un décret contraire aux lois irrévocables de l’empire, ordonnait à tous les missionnaires de retourner en Europe, à l’exception de ceux qui voudraient demeurer à la Chine par un choix libre, et que leurs infirmités et leur âge mettaient hors d’état d’entreprendre le voyage, auxquels sa majesté permettait de vivre dans ses états suivant les lois de leur religion ; 2o. que le premier dessein de sa majesté impériale avait été de traiter le légat avec toutes sortes de distinctions ; mais que depuis qu’elle avait lu ses demandes, elle ne voulait pas même consentir à le voir.

Mezza-Barba répondit à ce discours avec beaucoup de dignité. Après avoir témoigné sa douleur aux mandarins, il les pria d’engager du moins l’empereur à lire le bref de sa sainteté ; enfin il les assura que, pendant qu’il attendrait leur réponse, il implorerait l’assistance du ciel pour régler sa conduite à la sa-